Qui suis je – qui es tu ? 

Cette interrogation est la compagne de nos pas et malgré le temps passant, croit-on avoir trouvé la réponse qu’elle continue à tarauder nos esprits et ce probablement jusqu’aux derniers instants. Qui suis-je et qui est celui qui me fait face ?

Celui que je suis et celui que l’autre croit que je suis. 

Être, c’est aussi en fonction de ceux avec lesquels nous sommes. Car nous sommes multiples et versatiles, selon les jours, les situations, ceux en face de qui nous nous trouvons. Qui saurait prétendre ne présenter qu’une face, toujours constante, linéaire, indépendante des contextes ? Et puisque nos humeurs sont changeantes, nos expressions les accompagnent, métamorphosant un visage aimable en une face grotesque, convulsée de colère ou de douleur. Inversement, un visage peu gracieux s’éclaire d’un sourire et devient beau. Une attitude, une façon de mouvoir ses traits vient rompre le parfait équilibre artificiel, révélant ce qu’est la personne.

Enfin l’âge marque nos traits. Le quotidien de la fréquentation en réduit la cruauté. Seules les retrouvailles, après de longues absences, nous forcent à considérer le temps qui fait son œuvre et nous pousse ainsi à d’aimables tendresses pour les images de soi, et de nos proches, d’un temps passé qui nous semble être hier.

Les arts dit premiers n’ont-ils pas pour figuration principale le visage des hommes ? 

L’homme s’hybride d’animal et l’animal se pare parfois des traits humains. Les masques ne sont pas destinés à la contemplation et d’ailleurs demeurent le plus souvent cachés en dehors des fêtes et rituels auxquels ils sont associés. Ils ont pour but d’accomplir une mission symbolique.

Les photographies pourraient prétendre être la restitution fidèle de l’individu. Ce sont alors les plus grandes mensongères. Car tant de beaux, ou belles personnes, ont été, ou sont, détestables et sous la banalité de certains visages se cachent des grandeurs d’âme.

Elles ne saisissent donc que la surface des êtres et ne disent jamais vraiment qui est la personne photographiée. C’est alors l’enjeu de nombreux photographes qui tentent de percevoir au delà des traits, pour capter la nature de l’individu.

Le portrait, genre pictural mille fois abordé depuis que la peinture s’est libérée des rigueurs de la représentation religieuse codifiée, a d’abord été au service de l’identité sociale pour progressivement tenter de capter l’essence même de l’individu. C’est cette essence qui est devenue le véritable enjeu de la représentation, s’éloignant du réalisme de la figure pour donner à voir l’individu dans sa complexité.

Et bien souvent, mieux qu’un portrait, les gestes ou les attributs qui sont les nôtres nous définissent avec davantage de justesse. 

Cette exposition offre un panorama subjectif de portraits ou d’autoportraits. Leur collecte est le fruit d’une promenade à travers le temps, les rencontres, et les goûts qui sont les nôtres. 

L’art qu’il s’agisse de peintures et dessins, de sculptures ou de photographies n’a eu de cesse de nous renvoyer notre reflet.